Nintendo reconnaît avoir eu du mal à remplacer Satoru Iwata

Nintendo a choisi un responsable parmi ses plus hauts membres pour assurer la délicate succession de l’emblématique président défunt Satoru Iwata, en espérant qu’une transition en douceur permettra de relancer l'entreprise sur une trajectoire de croissance dans une industrie du jeu en évolution rapide. « Nous allons résolument mener à bien les nouveaux projets comme Iwata l’avait demandé », a ainsi parlé Tatsumi Kimishima, directeur général, dans une conférence de présentation.

Nous vous renvoyons sur notre news présentant en détail le nouveau président M. Kimishima, qui avait rejoint Nintendo à la demande du président Hiroshi Yamauchi, ce dernier ayant besoin d’une personne connaissant bien les marchés étrangers et sachant manœuvrer dans les relations publiques. Kimishima fut donc envoyé au sein de l’unité américaine.

L'expérience de direction de Kimishima aux États-Unis signifie qu'il a une bonne compréhension de ce marché stratégique.

Connu pour son attitude amicale et douce, Kimishima n'a aucune expérience en développement de jeux et reconnaît être un piètre joueur. Mais les employés ont toujours vénéré son franc-parler. Il travaillera avec deux développeurs de haut niveau de l'entreprise – Genyo Takeda, 66 ans, et Shigeru Miyamoto, 62 ans – dans ce qui devrait être une troïka. « C'est une approche collective de la direction », a déclaré Hideki Yasuda, un analyste à l'institut de recherche Ace à Tokyo.

Après les cartons monumentaux de la console portable Nintendo DS et de la console de salon Wii, la société a connu une nette baisse de performance, ceci dû en partie à la faiblesse des ventes de la Wii U. Kimishima avait prédit lors du lancement de la Wii U un possible échec en raison de son nom et de son positionnement bien trop proches de la Wii originale.

Iwata avait indiqué son souhait de faire entrer la firme sur le marché des jeux smartphones et en parallèle de développer un nouveau système, la NX. Malheureusement pour lui, il n'en verra pas la concrétisation. Kimishima est un expert dans la gestion des affaires, mais il estime également qu’une société « ne doit pas être gérée par les chiffres seuls ». Il reprend donc la suite des projets pour les mener à bien. « C'est pour nous toujours un challenge de chercher à créer des produits passionnants – ce qui constitue l'ADN de Nintendo », a-t-il dit lors de sa conférence de presse.

La prochaine génération Nintendo

Kimishima n’était pas le favori parmi les successeurs possibles de M. Iwata. Après son décès le 11 juillet dernier à l'âge de 55 ans, Nintendo avait d'abord sondé des candidats plus jeunes parmi ses employés, estimant que le président d'une société de jeu doit être en contact avec les jeunes, selon un haut cadre de l'entreprise.

Mais le processus de sélection s’est finalement heurté à une réalité : il y avait pénurie de talents prêts pour le rôle. Comme le fauteuil du président est resté vacant pendant deux mois, il fallait faire vite car les préparatifs pour les ventes de fin d'année arrivaient – une période correspondant à la moitié du chiffre d'affaires annuel. Cette situation d’urgence a apparemment pesé et Nintendo s’est donc tournée vers un leader avec une expérience riche en gestion pour une transition en douceur. Kimishima ayant assisté Iwata sur la fin et connaissant bien le marché américain, ce fut donc lui qui fut choisi.
Mais cette difficulté pour trouver des ressources intérieures va conduire Nintendo à renforcer la formation de sa jeune génération par une plus grande délégation de pouvoirs. Par exemple, le développement de logiciels sera supervisé par Shinya Takahashi, 51 ans, un directeur général qui pourrait être considéré comme un futur candidat à la présidence. Kimishima a également évoqué la possibilité de prendre quelqu'un de l'extérieur.

Les comptes de Nintendo sont redevenus positifs pour la première fois depuis quatre ans durant son exercice 2014, et le calme Kimishima a suscité quelques espoirs de croissance. « Il n'a pas le charisme de son prédécesseur, mais inspire un sentiment de stabilité », a déclaré une source du secteur.