Interview de Laurent Fischer

PN : Laurent Fischer, merci de nous accorder cet entretien ! On a beaucoup entendu parler de l'Europe pendant la conférence de presse, et on aimerait bien en savoir un peu plus sur la situation telle qu'elle est en France.

LF : C'est assez simple, il suffit de se dire que la France représente entre 20 et 25% du marché, que ce soit au niveau des portables ou bien des consoles de salon. Cela nous place à la seconde ou troisième place européenne, on se bat avec l'Allemagne, l'Angleterre étant loin devant.

L'Angleterre est d'ailleurs un pays extraordinaire pour le jeu vidéo puisqu'avec une population comme la France et un pouvoir d'achat comparable, on arrive à avoir un marché qui lui est 50% supérieur. En plus, je ne sais pas si vous l'avez remarqué en allant dans les boutiques, mais les prix sont un petit peu plus élevés que sur le continent.

C'est un bel argument pour justifier que le prix n'est pas lié à la consommation de masse ! Ce n'est pas lui qui va augmenter le volume. C'est une tradition, c'est aussi une façon de distribuer les produits. D'une certaine façon, en Angleterre, le prix des jeux est un tout petit peu plus élevé mais ça permet aussi de faire vivre tout un réseau de distribution qui est plus qualifié que le réseau qu'on a en France.

Vous pouvez aller dans n'importe quel magasin, même dans les grandes chaînes comme Electronic Boutiques, et vous pourrez y trouver des Jaguar, neuves ou d'occasion, vous pourrez aussi y trouver une multitude de guides stratégiques et un panel de jeux de toutes les époques, beaucoup plus large que ce que vous pouvez trouver chez nous. Bien sûr vous trouverez des boutiques de ce genre en France, mais pensez qu'Electronic Boutique, c'est 400 magasins rien qu'en Angleterre ! Ca nous donne un réseau super formé apte à conseiller des gens qui n'ont pas peur de dépenser plus pour acheter des jeux qui correspondront à leurs attentes.

PN : On voudrait vous poser des questions sur les dates de sortie, on n'a par exemple pas entendu parler de Pokemon Advance, ni de Golden Sun 2... Quelques éclaircissements sur le planning de fin d'année ?

LF : On sait que c'est pour 2003 en Europe, pour la fin de l'année au Japon. Etant donné le travail qui entoure la traduction d'un jeu Pokémon, le fait de trouver des noms appropriés... etc... parce que traduire c'est bien, mais trouver des noms et bien les expliquer aux créateurs et être d'accord avec eux, c'est autre chose et ça prend du temps !

Quant à Golden Sun 2, il est lui aussi prévu pour 2003.

Pour le reste, on est donc calé sur le mois d'octobre pour Yoshi's Island, puis on aura Metroid Fusion en novembre.

PN : Il n'est donc pas repoussé ? Metroid Prime sortant en janvier, on pouvait s'attendre à un report... Des détails sur l'interconnexion entre les deux versions ?

LF : On n'a pas de date sur Metroid Prime.

PN : Le 10 janvier ?

LF : Non, pas de date sur Metroid Prime pour le moment... Et malheureusement on n'en sait pas plus que vous au sujet de l'interconnexion que ce que vous avez vu passer. On s'en doutait parce que ce serait dommage de ne pas le faire, finalement !

PN : Ca réserve quelque chose de très intéressant.

LF : Eh bien pour moi, c'est quelque chose de majeur, alors c'est sûr, c'est encore quelque chose qui ressemble plus à un épi-phénomène pour l'instant. Il faut aussi du temps pour qu'apparaisse une idée dans un jeu vidéo. On est bien placé pour savoir que créer un jeu demande des délais.

Or, la connexion entre Game Boy Advance et GameCube, c'est quelque chose de finalement très récent dans l'esprit des développeurs. De plus, les gens qui développent sur GameCube ne côtoient pas forcément ceux qui développent sur Game Boy Advance, il faut donc du temps pour que se créent des synergies entre les deux, que les idées viennent. Ce n'est pas un problème de technologie, qui est simple, mais il y a dix milliards de façons de le faire, et à mon avis elles vont prendre forme sur l'année prochaine.

Tout comme le jeu à plusieurs sur Game Boy Color, c'est quelque chose qui existait : on pouvait jouer à un jeu de tennis à quatre, déjà. C'est quelque chose qui existait mais qui n'était pas généralisé. A partir du moment où on a eu Pokémon qui rendait ça non seulement utile, mais aussi nécessaire et incroyablement enrichissant, ça devient soudainement indispensable et systématique, ça prend juste du temps.