Test de Triangle Strategy, une fresque magistrale !

Du sel, du fer, de la nourriture, un triangle quoi !

Le récit prend place sur le continent fictif nommé Norzélia où trois nations vivent une paix relative depuis trente années. Les tensions sont palpables à cause des relations commerciales autour des ressources clés que sont le sel et le fer.La nation d’Hyzante a le monopole sur le sel et fait pression sur les deux autres avec des taxes élevées. Aefrost contrôle les mines de fer et adopte la même posture qu’Hyzante. Au milieu, il y a Gleenbrook, royaume fertile qui joue le rôle de grenier et de passerelle commerciale du continent.

C’est un joyeux bazar à trois qui ne demande qu’à partir en fumée. Dans cet imbroglio politique, vous incarnez Serenor Wolfort, un jeune noble au service de la couronne glenbrookienne et fraîchement nommé à la succession de son père malade et mourant. Pour ne rien arrangé à tout cela, il a été fiancé à Frédérica, la demi-sœur du dirigeant d’Aefrost.Vous la voyez l’embrouille ? Pas encore ? Ça va venir ! Sans spoiler l’élément perturbateur de cette paix précaire, l’étincelle du conflit va évidemment se transformer en feu de joie. C’est à travers la maison Wolfort que vous vivrez ce guerre continental qui mettra vos convictions à rude épreuve.

La balance des convictions

Nous aborderons les champs de bataille plus bas dans l’article. En effet il y a plus important : l’histoire, qui ne se veut pas du tout linéaire. En guise de métaphore, elle est comparable à un arbre. Le tronc finit par se diviser en plusieurs branches qui elles-mêmes se ramifient à leur tour. Autant vous dire qu’on s’est amusé à faire plusieurs sauvegarde pour voir où chacune de nos décisions nous mène. De ces choix dépendent votre alignement qui définit l’influence de Serenor sur ses compagnons. Les développeurs les appellent convictions, qui sont au nombre de, devenez ? Triangle, enfin trois, évidemment ! Vous êtes amené lors de nombreux échanges avec votre équipe ou des PNJ, à répondre à leurs interrogations. Vous avez trois possibilités, chacune représentant une conviction parmi les trois qui sont l'éthique, le pragmatisme et la liberté.Des valeurs qui ne sont aucunement nuancées par les notions binaires du bien ou du mal. Il s'agit ici de plusieurs vérités qui s'affrontent, en l'occurrence celles de vos ennemis et de vos compagnons de route. Chacun voit son propre intérêt selon sa doctrine autour de ces valeurs. Certains n’hésiteront pas à sacrifier le peuple pour remporter une bataille en prônant le pragmatisme de la situation. D’autres refuseront catégoriquement ce type d’alternative sous couvert de leur éthique. Puis il y aura ceux qui accepteront un compromis avec l'ennemi afin de rester libres.

Qui aura raison ? Vous, bien sûr ! En tant que chef, Serenor doit fédérer la majorité de sa troupe pour décider. Cela se fait au travers de séances de votes. Lors de décisions importantes, vous pouvez échanger avec vos camarades afin de les persuader de changer de vision. Ils peuvent alors voter l’inverse de ce qu’ils avaient prévu.Pour mettre toutes les chances de votre côté, il y a des phases d’investigations qui sont très fréquentes. Elles permettent de trouver tous les éléments nécessaires pour parfaire votre argumentaire. En explorant la ville à la recherche d’indices ou en discutant avec les gens, vous pouvez débloquer des réponses qui peuvent changer le point de vue d’un votant. Le résultat décidera alors de la suite à donner au récit mais sera lourd de conséquences.

Des regrets narratifs

On pourrait s’étaler encore pendant des paragraphes entiers sur l’importance de la narration. On regrette surtout deux choses. La première étant l’impossibilité de consulter notre alignement. Même si c’est clairement indiqué dans le jeu, nous aurions apprécié pouvoir examiner à tout moment l’évolution de nos convictions.

La deuxième déception porte sur la mise en scène. Évoluant chapitre par chapitre, tel un livre, les dialogues sont légions en plus d’être très intéressants avec des doublages en anglais ou japonais qualitatifs. Cependant, à ce stade d’importance de la narration, cela flirte carrément avec le visual novel. Bien que les graphismes assumés en pixel art 2D HD soient des plus bel effets, on regrette totalement l’absence de portraits ou de mini scènes animées.En effet, cela aurait pu rythmer plus agréablement le jeu. On aurait eu aussi plus d’occasions d’admirer les magnifiques illustrations des personnages. Quitte à emprunter des codes d’une autre famille, autant le faire jusqu’au bout. Mais regardez donc les portraits ci-dessous ! C’est beau non ? Ce style crayonné est juste magnifique ! On en voulait tellement plus !

Des affrontements riches et complexes !

Revenons-en à nos moutons après ce petit coup de gueule sur nos regrets narratifs. Passons à la baston ! Parce que décider de ce qu’on va faire à travers des votes c’est bien beau, mais ils impliquent souvent des affrontements.

Suite à vos décisions, les batailles risquent fortement de vous briser le cœur si vous êtes un brin émotif et attaché aux personnages. Il n’est pas facile moralement de devoir massacrer un groupe d’innocents même si c’est fictif. Mais si vous n’avez aucun scrupule, bienvenue dans une jouabilité riche et complexe.Les affrontements se déroulent dans des arènes plus ou moins grandes avec différents avantages de terrain. En effet, l’environnement joue un rôle prépondérant. Attaquer depuis un point surélevé fait plus de dégâts. Les mages peuvent enflammer une prairie et piéger leurs ennemis dans le feu. Vous pouvez pousser les unités du bord d’une falaise ou contre un mur, créant ainsi des dégâts de chute ou de collision. Tant d'options sont possibles pour venir à bout de l’armée adverse. Chaque unité alliée comme ennemie joue à tour de rôle en fonction de sa vitesse. L’ordre d’action est affiché en bas de l’écran. Ce qui permet d’anticiper les actions ennemis entre autres. En plus de cela, les cases de déplacements sont de différentes couleurs pour indiquer si vos unités se déplacent dans une zone où elles sont à l’abri des feux, ou le contraire.

Les compétences consomment des Points Techniques (PT). Peu importe qu’il s’agisse d’un mage ou d’un guerrier, tout le monde utilise des PT. Ils sont représentés par des losanges jaune. Tout le monde en gagne un au début de son tour. Certaines compétences en nécessitent deux, voire trois. Parfois il faudra passer plusieurs tours pour les accumuler, ou alors utiliser l’attaque de base qui n’en consomme pas.

Cerise sur le gâteau, certains personnages sont spécialistes de la distribution ou de l’enlèvement de PT. D’autres ont des aptitudes passives pour en récupérer après une action. Tout cela est à prendre en compte pour dominer les champs de bataille, en plus des bonus et malus qui peuvent être octroyés.

Du farm et des loots !

Les affrontements peuvent durer très longtemps. S’il y a des pertes dans l’équipe, pas de panique, ce n’est pas un Fire Emblem. Une unité dont les points de vie tombent à zéro ne meurt pas définitivement. Par contre elle ne gagnera plus de points d’expérience. Seulement celles qui agissent prennent du galon, les autres, mises hors jeu ou celles en réserves, ne progressent pas.Ce qui parfois peut rapidement mener à des différences de niveaux assez conséquentes. Pour pallier cela, entre les batailles principales, à tout moment, vous pouvez accéder au campement où la tavernière vous propose des entraînements à volonté. Rien de mieux que plusieurs séances pour augmenter le niveau de toutes vos unités en plus de récupérer des fonds et du loots.Ces deux ressources sont indispensables pour entretenir votre armée. L’argent sert absolument pour tout. Pour les objets il y en a deux sortes : les consommables, comme les potions de soins et les ressources qui servent à améliorer l’équipement. Il y a même des objets pour l’évolution de la classe.

Le système d’armement est assez original. Mise à part des accessoires qui restent facultatifs car ils apportent peu sur la puissance de vos unités, il n’y a aucun armement à acheter ou à fabriquer. Chacun dispose d’une arme unique améliorable deux fois dont le rang est représenté par un nombre d’étoiles allant de une à trois. Chaque pallier dispose de plusieurs améliorations possibles. Moyennant finance et matières premières, il est possible d’augmenter la puissance de l’arme, d’obtenir des bonus de statistiques, ou encore des compétences additionnelles.Ce système de progression gonfle évidemment la durée de vie de l’aventure par un farming très prenant. Il n’est pas obligatoire, vous pouvez tout aussi bien vous précipiter en ne faisant progresser que les protagonistes principaux. Cependant cela pourrait vous priver d’options stratégiques en laissant de côté des unités aux mécaniques peu conventionnelles.