Microsoft : ses vues sur Nintendo

Tiens, si on faisait du jeu vidéo ?

Revenons tout d'abord sur une affaire qui sort depuis... 1999. A l'époque, Microsoft souhaite entrer sur le marché du jeu vidéo, mais ne sait pas encore comment. Sortir une console est une chose, la vendre en est une autre. Depuis, on s'est bien rendu compte que MS avait ce qu'il fallait pour séduire les joueurs, mais en 1999, c'était loin d'être gagné.
Une des solutions qui s'offrait alors au Géant de Redmond (enfin l'un des géants, car Microsoft comme Nintendo y sont tous deux installés !) était alors de s'offrir Nintendo. Cela peut prêter à sourire, mais on sourit jaune quand on sait que plusieurs réunions ont eu lieu avec Nintendo pour discuter d'éventuelles modalités. Imaginez un peu : au lieu de sortir la XBox, Microsoft sort le GameCube en y rajoutant un processeur Intel et en doublant la console de volume... Ca fait froid dans le dos, non ?

En fait, cela fait tellement peur que finalement, Nintendo renoncera à une vente à Microsoft. Si l'effet est loin d'être aussi désastreuse que le choix de Philips pour le support CD qui ne sortira finalement jamais de la Super Nintendo en 1995, peut-être doit-on voir dans ce choix au final ô combien stratégique le début d'une haine innommable entre Microsoft et Nintendo, une guerre qui se vit presque au quotidien entre les deux fabricants.

L'été dernier, un hebdomadaire allemand a ranimé la flamme vacillante de cette affaire avec la citation de Bill Gates toujours intéressé par Nintendo. On ignore quel est le contexte exact de cette petite phrase, mais Bill a indiqué que si Yamauchi lui téléphonait, il prendrait le téléphone tout de suite pour lui parler. En quelques mots, Nintendo et Microsoft revenaient sur le devant de la scène : aux Etats-Unis, quand on ne peut pas vraiment battre un concurrent, on se doit de le racheter, c'est bon pour le patriotisme !

Dès lors, les questions ont commencé à pleuvoir : est-ce que cela va se faire, est-ce que les jeux Nintendo vont sortir sur Xbox, est-ce qu'il est encore utile d'acheter un GameCube ou acheter une XBox est-il suffisant ? Inquiets, les Nintendomaniaques se souviennent de l'air dépité des Segamaniaques lorsque Sega a mis fin à la production de consoles : un choc similaire est à prévoir si Nintendo passe sous le giron de Microsoft.

Attention aux indigestions !

Le fait est qu'en 25 ans, Nintendo a gagné beaucoup d'argent. Et ce sont des dizaines de milliards de dollars (disons plus de 26 milliards au bas mot !) que Microsoft devrait débourser pour que Nintendo passe sous son contrôle. C'est d'autant plus difficile que Microsoft a promis de redistribuer quelques 75 milliards de dollars (voir ici) à ses actionnaires dans les prochaines années : on veut bien que Microsoft soit riche, mais à ce point... On estime que Microsoft serait près à mettre 25 milliards de dollars sur la table pour racheter Nintendo. Ce n'est pas rien, et on comprend que les actionnaires actuels de Nintendo se soient donnés le temps de la réflexion !

Pour autant, l'appât du gain n'est pas toujours la motivation essentielle de Nintendo, en dépit du fait qu'on lise depuis des années que rien ne sort sur le marché si Big N n'est pas sûr que ce soit quelque chose de rentable. Des essais comme le Virtual Boy ou les Pokémon Mini nous prouvent certes le contraire, mais en règle générale, Nintendo essaie de ne pas prendre de risques inconsidérés.

Laisser Big N se faire racheter par Microsoft serait une belle porte de sortie pour celui qui a transformé une entreprise de fabrication de cartes à jouer en groupe mondial de divertissement ! On comprend ainsi mieux pourquoi tant d'attention a été accordée en 1999, lorsque Microsoft a fait son offre ! Mais une telle offre est-elle encore d'actualité ?

Si elle l'était, quels seraient les scénarios possibles ? Comment Microsoft pourrait-il prendre le contrôle de Nintendo ? Nintendo aurait-il la force de lutter contre une entreprise qui dégage des profits colossaux, qu'un nouvel OS sorte ou non ? Toutes ces options ont fait l'objet d'une attention soutenue, et chaque cas de figure fait l'objet de son propre développement ci-après. Faites-vous peur... ou rassurez-vous !

Scénario 1 : Yamauchi vend cette année.

C'est sans doute l'hypothèse la moins plausible, mais il ne faut pour autant pas l'écarter. La placer en premier scénario nous permet notamment de parler de la situation de celui qui fut pendant très longtemps le seul maître à bord ! S'il a confié les commandes à son valet Satoru Iwata, il n'est reste pas moins le... principal actionnaire de Nintendo !

Etre actionnaire majoritaire donne en quelque sorte le droit de vie ou de mort sur la société qui vous appartient : vous pouvez bloquer les décisions qui ne vous plaisent pas, jouer un rôle prépondérant dans les choix stratégiques qui feront de votre firme le numéro un mondial ou au contraire la mettront dans une situation indélicate...

Hiroshi Yamauchi est de ceux-là : il a hérité de Nintendo à l'âge de 21 ans après le décès de son grand-père, en 1949.Il s'est alors occupé de Big N pendant plus de 50 ans, comme on s'occupe de ses propres enfants ! Sa biographie vous en dira plus sur ce personnage au destin incroyable, tandis que notre section Histoire vous en apprendra de bonnes sur Nintendo !

Bref, Yamauchi dispose de sacrés pouvoirs, car il détient plus de la moitié du capital de Nintendo, à lui seul. C'est donc lui qui acceptera ou refusera de vendre Nintendo. Connaissant Yamauchi comme on le connaît, ce n'est pas près d'arriver ! Yamauchi prend toujours ce qui se passe sur le secteur, et très à coeur en fait vite des affaires personnelles (on se souvient de Namco boudant les consoles Nintendo pendant près de 15 ans !).