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Le jeu vidéo n'est pas immoral mais amoral.

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Vous avez sans doute un peu de mal à comprendre cette phrase. Rassurez vous c'est normal, pour cela il vous suffit de lire la suite de cette news.

Si on y regarde bien, la violence dans les jeux vidéo s'est beaucoup banalisée en l'espace de quelques années. Désormais, on en voit de partout, les joueurs ne sont plus très choqué et trouvent un malin plaisir à se faire peur ou à faire des choses qu'ils ne pourraient pas faire dans la réalité, c'est d'ailleurs le but de ce type de jeu.

Lionel Luca ne voit pas ça de la même façon, la réalité des choses a prouvé plus d'une fois que la violence faisait vendre beaucoup de jeu, alors que lui voudrait plutôt qu'elle dissuade le consommateur. Lionel Luca est député des Alpes-Maritimes et il a déposé une proposition de loi pour soumettre les jeux vidéos dits violents à une commission consultative qui serait chargée de les classer suivant leur degré de violence pour mieux cibler son public et par conséquent protéger les mineurs et l'enfance en général. Retrouver son interview dans son intégralité ci-dessous :

Le Monde : Vous êtes l'auteur d'une proposition de loi tendant à réglementer la diffusion des jeux vidéos. Quel est votre objectif ?

Lionel Luca : En France, on a un arsenal législatif, mais on ne l'utilise pas pour réglementer la diffusion de ces jeux [NDLR : le code pénal dans son article 227-24, aliéna 1 réprime : "Le fait soit de fabriquer, de transporter, de diffuser par quelque moyen que ce soit et quel qu'en soit le support un message à caractère violent ou pornographique ou de nature à porter gravement atteinte à la dignité humaine, soit de faire commerce d'un tel message, est puni de trois ans d'emprisonnement et de 75000 euros d'amende lorsque ce message est susceptible d'être vu ou perçu par un mineur."] On est obligé de préciser les choses pour obtenir une réponse et peut-être une action. C'est le sens de cette proposition de loi qui n'a pour but que la protection des mineurs et de l'enfance en général.

Le Monde : Vous n'êtes pas le seul à vous intéresser à ce sujet : Guy Tessier (UMP) a déposé une proposition de loi visant à réglementer l'accès des mineurs à certains jeux vidéo. Est-ce une action concertée ?

Lionel Luca : Ce n'est pas concerté, mais je m'intéresse au sujet depuis quelques années déjà. En 1999, j'avais posé une question sur la violence dans les jeux vidéo. Je n'avais pas eu de réponse satisfaisante, j'espère qu'on se penchera de nouveau sur la question. Dans le débat plus général sur la violence et la pornographie, ce qui m'inquiète le plus, c'est la violence et la pornographie quotidienne : quand dans un jeu télévisé on pose comme question "quel est le pourcentage de femmes capables de mettre un préservatif avec la bouche ?", je pense que ça n'a pas de raison d'être. A la limite, le film porno crypté, réservé aux adultes, ça ne me dérange pas. Pour les jeux vidéos, c'est un peu pareil : je demande une information claire parce qu'on ne peut accepter n'importe quelle violence. Il est important que les parents soient informés.

Le Monde : Est-ce parce que vous pensez que la signalétique mise en place par le SELL est insuffisante ?

Lionel Luca : Je pense qu'elle doit être plus claire, plus visible et au besoin, elle doit choquer. Mais nous n'avons pas la même façon d'appréhender les choses : pour les éditeurs, la violence est un argument de vente, alors que pour moi, c'est plutôt un argument dissuasif.

Le Monde : Quel est le fondement de votre argumentaire pour demander cette réglementation sur la diffusion des jeux vidéos ?

Lionel Luca : Le problème de ces jeux est le caractère virtuel des situations. Le vrai danger est là : ces jeux font entrer l'imaginaire des enfants dans une autre dimension. Ils ne possèdent pas tous les capacités d'appréhender les notions de réel et d'irréel et peuvent être amenés à croire que ce qui se passe dans le monde virtuel peut se transposer à la réalité. C'est cela qui me préoccupe. Bien sûr, on sait tous que les enfants ont besoin de se faire peur, de jouer avec l'imaginaire. Il n'e s'agit pas de faire des jeux aseptisés, la violence entoure les enfants. Mais là, je crains qu'on ne puisse plus faire la différence entre la réalité et le virtuel, cette banalisation de la violence est malsaine. Il s'agit de la décoder ou de donner les éléments permettant de la décoder.

Le Monde : La finalité de cette proposition de loi est-elle d'aboutir à la création d'une commission de censure, à l'image de ce qui existe dans le domaine cinématographique ?

Lionel Luca : C'est la façon dont je voudrais poser le problème. La proposition de loi est là pour faire débat, pour enrichir la question. [NDLR : La proposition de loi comporte un article unique rédigé ainsi : "Les jeux vidéos (CD-Rom ou autre), cruels, violents ou dégradants doivent obligatoirement être assujettis à une commission consultative pour réaliser leur classement spécifique (par exemple "V" pour les jeux violents) qui doivent figurer clairement sur leurs boîtier et jaquette."] Il faut rétablir quelques barrières morales, au bon sens du terme : il y a des choses qui ne se font pas. Or le jeu peut donner l'impression qu'on peut s'affranchir de tout, il n'est pas immoral, il est amoral.

Le Monde : Mais ce projet se heurte à un obstacle : tous les jeux peuvent se télécharger sur Internet ?

Lionel Luca : Oui, j'admets que lorsque j'ai commencé à travailler sur cette proposition, en 1999, Internet n'offrait pas encore les capacités qu'il offre aujourd'hui. Il est aussi plus facile de s'attaquer aux jeux vidéo qui sont en vente dans les magasins qu'à Internet où les choses sont plus difficiles à suivre.

Le Monde : Quelles sont les prochaines échéances pour cette proposition de loi ?

Lionel Luca : Elle attend son visa définitif de la commission des lois et si elle n'est pas retenue par le bureau de l'assemblée, j'essaierai de revenir par le volet réglementaire. Une fois qu'on aura adopté toutes les lois sur la sécurité, je souhaite travailler avec le cabinet du ministre de l'intérieur pour sa mise en œuvre sous forme de décrets.

Le Monde : Ne craignez vous pas que cette loi ait un impact sur les éditeurs de jeux français qui traversent une passe difficile ?

Lionel Luca : Je ne demande pas d'éléments coercitifs. On est dans une société où il est important de respecter les libertés, mais cette liberté doit être librement consentie. Mais on ne peut pas prendre le risque de tuer son père et sa mère pour vivre. Les éditeurs ont suffisamment d'idées pour proposer autre chose, on n’est pas obligé de faire du commerce de tout.

Propos recueillis par Pierre Bouvier pour Le Monde.fr

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