En fait, pas tellement que ça: les Heaven Smiles sont des coriaces, et n'abandonneront leur course effrénée vers leur joueur qu'après beaucoup de munitions. Viser la tête ne les fera que perdre cette dernière sans pour autant les arrêter, et virer les jambes ne fera que les stopper un petit moment, ces infâmes créatures allant jusqu'à se traîner par terre pour atteindre leur but. Pas facile de faire son métier dans ses conditions…
Mais en scannant un peu plus longtemps une de ces créatures, on s'aperçoit que chacune d'entre elles possède un “point faible”. Chaque créature dispose d'un endroit précis de son anatomie qui permet au tueur affûté de s'en débarrasser en une seule balle, s'il l'atteint. Ces coups critiques sont doublement utiles, car non seulement ils détruisent les Heaven Smiles illico, mais en plus ils convertissent leur corps en sang, que les héros ramassent automatiquement. Les phases de combat de Killer 7 sont donc très axées sur le sang-froid et sur la précision, car tirer comme un demeuré sur les ennemis est dangereux et prive le joueur de sang, ce qui signifie qu'il ne pourra pas améliorer les personnages.
Plus précisément, le sang récolté est divisé automatiquement en deux catégories: le sang clair et le sang épais. Le clair est utilisable n'importe quand, et permet de soigner un membre de l'équipe qui viendrait de se prendre un Killer Smile en plein dans la figure. En outre, on peut l'utiliser pour “charger” les tirs de certains personnages, ce qui est souvent indispensable contre certains des ennemis les plus coriaces. Finalement, chaque capacité “spéciale” de chacun des 7 personnages (comme quand on utilise Coyote pour sauter très haut, ou que Kevin se rend invisible) utilise une dose de sang clair.
Le sang épais, lui, est conservé jusqu'à ce que l'on atteigne une des salles de repos (où l'on peut souvent sauvegarder, d'ailleurs). Dans celles-ci, on pourra dépenser ses flacons d'hémoglobine pour augmenter les capacités des personnages, par exemple en accélérant leur façon de recharger les armes, en rendant leur visée plus précise ou en augmentant les dommages qu'ils causent. Cela amène un aspect stratégique au jeu, dans le sens ou il faut choisir sa façon de faire progresser les membres de Killer 7: Va-t-on rendre son membre préféré surpuissant au détriment des autres, ou va-t-on plutôt tenter de garder l'équipe équilibrée?
Oui, car même s'ils ne sont techniquement qu'une seule personne, les Killer 7 sont une équipe soudée. Il est d'ailleurs possible de changer de personnage n'importe quand (même si certains membres seront indisponibles au début d'une mission). En théorie, chaque personnage a sa propre spécialité et peut passer certains obstacles qui lui sont propre, demandant une familiarité avec chacun d'entre eux. En pratique…euh… disons que la différence entre eux ne se situe vraiment qu'au niveau de l'armement. Bien sûr, il y a des énigmes qui utilisent les capacités spéciales de chacun: lasers de sécurité que Kevin Smith devra franchir en étant invisible; passages secrets qui ne sont visibles qu'après que Kaede les ait couverts de sang, par exemple. Mais ces “énigmes” ne demandent vraiment que de mettre le bon personnage et d'appuyer sur Y, pour le remplacer juste après par son membre préféré. Les seuls Smith dont la maîtrise est demandée sont Kaede Smith, dont le sniper est très utile pour certaines situations et certains boss, et Mask De Smith, dont seuls les lance-roquettes sont à même de traiter avec certains des ennemis les plus récalcitrants. A part ça, il est tout à fait possible de se faire la majorité du jeu avec le Smith avec lequel on a le plus d'affinités.
En parlant de puzzles, Killer 7 en est rempli. Il y a les passages demandant un personnage précis, comme décrit plus haut, mais aussi des énigmes demandant l'utilisation d'items, ainsi que de nombreux codes à entrer pour aller plus loin. Généralement, ces puzzles sont assez faciles et se résolvent sans grands problèmes, mais il y en a plusieurs au cours du jeu qui ne répondent à aucune logique. Certaines solutions sont d'ailleurs totalement arbitraires, et il est rageant de bloquer à cause de ça. Bien sur, il est possible de parler à des NPC qui donnent quelques indices, mais ils disent souvent des trucs étranges et peu compréhensibles. Mouais…
A l'opposé des puzzles se trouvent les boss, et là je dois avouer que Killer 7 est très réussi. Ils sont variés et demandent chacun une approche différente pour les battre. Pour certains, il faut trouver le truc qui marche à chaque coup, pour d'autres, il s'agira d'une pure question de réflexes et de rapidité, ou pour encore d'autres il faudra faire preuve de patience et de précision. Ils ne sont pas tous parfaits (le dernier boss étant incroyablement anticlimatique), mais ils apportent un bol d'air frais après les niveaux qui les précèdent.
*May the Lord smile…*
Le gameplay fonctionne bien, et pendant longtemps on s'amuse bien à tuer du Heaven Smile à tour de bras. Mais force est de constater que Killer 7 devient vite très répétitif. Cela est dû à plusieurs facteurs.Premièrement, le jeu ne sait pas se renouveler. Du début jusqu'à la fin, on tue des monstres en visant leur point faible, on résout des énigmes et on récolte du sang. A part les boss, il n'y a aucune séquence qui vient rompre ce rythme, qui devient gavant après la 4-5ème mission. Bien sûr, le jeu tente d'introduire des nouveaux ennemis pour pimenter le tout, mais ces derniers sont plus là pour nous exaspérer plutôt que pour redonner de la vie à l'expérience. Wow, devoir prendre Mask De Smith (et se taper un loading) pour pouvoir tuer un des ennemis en armure est vraiment… euh… passionnant…
Le design des niveaux est aussi en cause. La présence des puzzles de tout genre oblige à faire de nombreux aller-retour d'un endroit à l'autre du stage. Le truc, c'est que les ennemis se régénèrent à chaque passage, et que, comme vu précédemment, on ne peut pas vraiment éviter les confrontations à cause du système de mouvement. On est donc forcés de se faire plusieurs fois exactement les mêmes ennemis (car ils ne changent pas d'un passage à l'autre dans une même salle), ce qui est hautement irritant. Rajoutons le fait que certains niveaux entiers sont TOTALEMENT inutiles (genre le héros arrive à la fin et “oh, vous vous êtes trompé d'endroit, Garcian! Votre cible est déjà partie...”), et il est facile d'être gavé par le gameplay. Vers la fin, je voulais vraiment en finir et voir le scénario plutôt que de continuer à jouer, ce qui n'est PAS bon signe.
Toujours dans le registre des trucs qui fâchent, le système de vies est mal foutu. Quand un perso meurt, on est renvoyé à la dernière salle tranquille visitée. Là, il est possible de le ressusciter en amenant Garcian Smith au lieu de son décès (on ne peut passer de Garcian aux 6 autres que dans ces salles). Le problème, c'est qu'il est pas génial en combat, et s'il meurt c'est Game Over. Bon, ce n'est pas ça qui est le plus embêtant, ce qui tracasse, c'est le fait que mourir force effectivement le joueur à faire encore un aller-retour pour rien, le faisant perdre une bonne dizaine de minutes sans qu'il puisse vraiment avancer. Frustré, j'ai simplement sauvegardé très souvent et mis “reset” dès que cela arrivait, et je m'en suis très bien sorti. Oups!
Finalement, il faut relever que les niveaux de difficulté ne sont pas très bien dosés. Le mode “normal” est honteusement facile, car il propose un autolock sur les points faibles des ennemis, garantissant le coup critique la plupart du temps. En outre, il indique sur la carte les objets et les personnages à utiliser pour les énigmes les plus faciles (mais laisse les moins logiques sans aide…). En Normal, on progresse vite, mais la tension des combats n'est pas très élevée: normal, on vise comme un dieu et on collectionne des tonnes de sang clair en cas de bobo. Mouais.
En mettant le jeu en Difficile, par contre, le combat devient plus haletant: la visée automatique n'est plus, et il faut véritablement compter sur sa précision pour s'en sortir. De plus, toutes les aides sur la carte s'effacent, et les énigmes changent un tantinet pour devenir plus dures. Résultat net: le combat est plus intéressant, mais on passe encore plus de temps à tourner en rond à cause des énigmes illogiques, ce qui n'est pas beaucoup mieux.
Le jeu dure une bonne douzaine d'heures, ce qui est déjà un peu trop pour ce que le gameplay peut offrir. A sa complétion, il offre un niveau de difficulté supplémentaire, et donc les plus doués auront de quoi s'amuser pendant un bon moment. A mon avis, Killer 7 est typiquement le genre de jeu que l'on se refait dans le niveau de difficulté le plus simple, pour rapidement se replonger dans les limbes de son scénario sans trop se soucier du gameplay.
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