La plupart des réactions se heurtent à un refus de percevoir cette question comme un débat dépassant de loin la querelle d'opinion.
La fin même du journalisme apparait en filigrane (notamment dans les réactions de Benn) dans ces avis qui refusent de décloisonner ce débat du jeu vidéo.
Tout d'abord, Vader, tu n'as pas à te justifier de ton degré d'amateurisme et/ou de ton professionnalisme. Les personnes ne pointant que des vices de forme à ton dossier ne font que tenter (inconsciemment ?) d'éviter les questions de fond de ta réflexion. Qu'importe que ton dossier soit un véritable dossier, un "billet", ou une chronique : sa pertinence et sa cohérence ne devraient se heurter qu'à des avis contraires, que les personnes qui le critiquent feraient mieux à mon sens d'assumer davantage : [b:36jtg0jh]la dématérialisation n'est elle vraiment qu'un changement de support des données, induit elle une future décentralisation de ces dernières, la révolution qu'elle engendre en terme de possession et de liberté d'usage [i:36jtg0jh]effectives[/i:36jtg0jh] est elle préoccupante voire dangereuse pour le consommateur, son intérêt est il d'avantage économique qu'écologique... [/b:36jtg0jh]voila un petit florilège des questions qui devraient alimenter ce forum, dont les attaques de forme ou de démarche ne sont que des voiles.
Quant aux personnes allant jusqu'à crier au non professionnalisme (Benn principalement) elles poussent cette logique encore plus loin : ne pas déconstruire ou malmener une réflexion intellectuelle par des arguments contradictoires mais uniquement par vices de formes et de visées. Toutefois, elles ont le mérite d'ouvrir (malgré elles ?) le débat à un autre niveau : [b:36jtg0jh]le journalisme ne doit il qu'observer et décrire son objet d'étude ou doit il prendre position ? [/b:36jtg0jh]
Benn, quand tu opposes "skyblog" et "site sérieux", je t'avoue que tu me fais bondir : les jugements et prises de position seraient réservées à une sphère privée ou semi-privée (blogs) tandis que les organes de diffusion publics ne devraient cibler que dans le consensuel ?? C'est une vision à mon sens bien dangereuse du journalisme, et comme je l'ai dit, qui ouvrirait sans peine un autre débat, transversal, à celui qui nous intéresse aujourd'hui.
[b:36jtg0jh]J'en reviens donc au débat de ce forum,[/b:36jtg0jh] et particulièrement à l'intéressante intervention de Dr.Cube, sur le cheminement a priori naturel existant entre entité physique, dématérialisation et décentralisation.
Effectivement, lettres, agenda, vidéo, argent, livres, photo sont tous, apparemment, liés par ce même cheminement. Et les soucis engendrés par ces dernier dans ces exemples sont, pour certains, un avant gout transposé des dangers que représente cette marche pour le jeu vidéo.
En terme de rapport de possession, la dématérialisation de l'argent est un exemple on ne peut plus pertinent. Les dernières crises économiques (de 2000 et de 2009) sont l'incarnation même des dangers de la perte de références physiques. La recherche de liquidité a été la bouée de bien des investisseurs, et le cauchemar des banques internationales, qui ne pouvaient pas y répondre : des milliers de contribuables, d'investisseurs se sont retrouvés en "possession" de sommes, de titres, [b:36jtg0jh]qui n'existaient plus concrètement. [/b:36jtg0jh] J'entends déjà les "ça n'a rien à voir" de certains, mais la transposition n'est pas si ardue à concevoir.
Pour en revenir à des parallèles moins imagés, prenons la lettre ou la photo : ces deux exemples sont révélateurs du fait que évolution ne rime pas forcément avec progrès. Je passerai sur le caractère plus philosophique, sociologique voire sentimental du passage de la lettre au webmail pour développer quelque peu les tenants et les aboutissants de cette question sur la photographie, qui, par sa dimension technique, détient des parallèles très intéressants avec le jeu vidéo.
Le passage de l'argentique au numérique est une évolution, mais en aucun cas un progrès. En effet, n'importe quel photographe professionnel le confirmera (surtout les photographes ayant une visée artistique) l'argentique permet des effets, des nuances impossibles à réaliser avec une prise de vue numérique, même en comptant sur les modèles les plus onéreux. La différence technique est encore plus frappante passée à la question du développement : la ou la photo numérique ne sera qu’une explosion de pixels, aussi rapprochés soient ils, la photographie argentique présentera à travers un procédé chimique complexe une image au lié simplement inatteignable, en l’état, par la photo numérique.
Le support physique de la photographie creuse un peu plus le fossé : type de papier, techniques de développement ou type d’impression offrent une richesse sans pareille face au seul écran d’une photographie 100% numérique.
La encore, on me dira « ça n’a rien à voir », mais d’avance je vous répondrai : « vraiment ? ». La transposition ne se fait pas toute seule, et n’est évidemment pas parlante en sa totalité, [b:36jtg0jh]mais prouve, au minimum, que les personnes se réfugiant dans l’argument « c’est le progrès et basta » se trompent,[/b:36jtg0jh] surtout que la photo et la lettre comptent souvent parmi leurs exemples.
Tant que les supports physiques progresseront, en termes de capacité et de vitesse d’accès, plus rapidement que la capacité des serveurs et des bande passantes, les jeux sur support garderont un avantage technique et même pratique (quid d’un collection d’un dizaine de jeu de 40gb, à l’heure actuelle, sur un disque dur ?) sur le jeu dématérialisé, et tant que les consoles de jeu garderont un avantage technique en terme de vitesse de calcul sur des systèmes décentralisés communicant avec son écran via une bande passante, le cloud gaming ne s’imposera pas.
Mais ce n’est probablement qu’une question de temps, mais en l’état, et pour les dix années à venir, [b:36jtg0jh]on peut imaginer que la course à la finesse des textures profite aux supports physiques.[/b:36jtg0jh]
Je vous remercie de m’avoir lu, désolé d’avoir fait long, j’ai synthétisé autant que j’ai pu, et je suis tout disposer à discuter certains points sur lesquels je suis sans doute passé trop rapidement, en toute cordialité