Nintendo, un marché de niche ?

L'existence de Donkey Konga est l'exemple même du fait que d'une certaine facon, posséder une console Nintendo est un signe d'appartenance à une caste bien spéciale : celle de ceux qui ne se contentent pas du classique ! Pour autant, Nintendo s'est abrogé le soutien de bon nombre d'entre nous en refusant de mettre ses deux gros pieds dans le jeu en ligne : quelle piètre réaction de la part de celui qui se veut vecteur d'innovation, qui se réclame le modèle à suivre dans le secteur du jeu vidéo !


Donkey Kong est le symbole de l'innovation signée Nintendo, cette année !

Quand on reparle du online...

Proposer une offre afin de répondre à Microsoft et Sony aurait été une démarche dangereuse. Mais les risques qui ne sont pas pris aujourd'hui sont les risques qu'il faudra prendre demain : en la matière, Nintendo dispose en plus d'handicaps structurels, car on ne peut pas dire que ses tentatives passées sur NES et SNES, au Japon, aient été de brillants succès, ni que la proposition d'alors convienne aux jours d'aujourd'hui. De plus, Microsoft dispose en la matière d'une avance certaine dans la mesure où la mise en réseau de systèmes est devenu au fil des ans son domaine de prédilection alors qu'Internet devenait un vecteur essentiel de la croissance des ventes de PC dans le monde.

En refusant le jeu en ligne, en proposant des jeux étranges (mais réussis, on aime vraiment trop Donkey Konga et on ne le dira jamais assez), Nintendo s'est mis dans la position de celui qui se satisfait de ne plaire qu'à une élite : on ne peut pas vraiment dire que le résultat escompté soit celui obtenu, comme en témoignera début 2003 l'arrêt des chaînes de production de consoles GameCube. Un signe que dèjà, le plan ne se passait pas vraiment comme prévu... On l'a dit, on a dans le monde 18 millions de GameCube : le score n'est pas terrible quand on est le recréateur du marché et que dans le camp adverse on trouve autant de XBox et... 70 millions de PS2 !

Cette position est délicate, mais elle n'est pas dangereuse, dumoins pas tant que Nintendo tente de rester maître de son propre jeu ! Le moins que l'on puisse dire est que certains titres de son catalogue sont très originaux, Donkey Konga et ses bongos par exemple, mais aussi Mario Party 6 qui utilise un microphone. C'est un pan de la stratégie de Nintendo : booster la durée de vie de la console avec des périphériques. Mais cela sera-t-il suffisant pour nous faire acheter une Revolution lorsque celle-ci sera disponible ? Il faudra certainement plus qu'un jeu avec des frappes de main ou des cris ahurris pour nous inciter à passer à la caisse.

Oser l'impossible.

C'est un peu faux de dire ceci, dans la mesure où les Nintendomaniaques ont bien sûr acheté Donkey Konga, où les Nintendomaniaques ont bien sûr l'intention d'acheter ce drôle de jeu de société avec un micro qu'est Mario Party. Mais qu'en est-il de celui qui n'a joué que sur PC ou PS2 : troquera-t-il sa Eye Toy pour des bongos ? Attendez une minute ! Sony a une Eye Toy, un microphone pour un jeu de karaoke (ca aide de s'appeler Sony en terme de droits d'utilisation de musiques !), ce qui veut dire que Nintendo n'est pas seul à vouloir proposer de nouvelles facons de jouer ? Quelle désillusion !

Voilà qui est dangereux, car Nintendo n'a pas besoin que Sony vienne empiéter sur ses plate-bandes. Eye Toy en est déjà à son deuxième volet, tout comme Donkey Konga ceci dit, dont un troisième volet a été récemment annoncé par Nintendo. S'il y a peu de chances pour que Sony devienne le choix de prédilection d'une élite, reste à voir ce que Sony pourra nous proposer avec ses propres périphériques : l'expérience est-elle aussi amusante qu'une partie de Donkey Konga ? Le fun est-il au coeur du jeu ?

La seule différence est que lorsque Sony lance un Singstar, il adresse son jeu à une minorité de son public (celui qui suit les péripéties de la Star Académie chaque soir à la TV). Quand Nintendo lance un Donkey Konga, il s'adresse à l'ensemble de ses utilisateurs, car forcément les volumes ne sont pas du tout les mêmes. Nintendo doit redoubler d'efforts pour imposer ses jeux dans le top 10, tout simplement parce que d'une part ce ne sont pas des jeux multiplateformes, et d'autre part parce que sa base de consoles installées est moins importante que les concurrents. A quand les charts proportionnels ?

D'où peut-être le sentiment que Nintendo mise un peu trop gros sur Mario : Mario base-ball vient d'être annoncé, et Mario apparaîtra dans un jeu de basket d'EA, NBA Street V3. Il ne nous manque plus que Mario Soccer et la boucle sera bouclée, finalement. Ce n'est pas nous qui allons nous en plaindre, mais les Nintendomaniaques sont peut-être une race en voie de disparition, et le seront tant que les petits enfants dressés à coups de Pokémon ne regarderont pas la montagne cachée derrière la colline : le succès des Pokémon explique largement le succès de la GBA et de la GBA-SP, et on devra surveiller la version DS du prochain volet pour voir comment les choses évoluent.