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Le pouvoir des suites

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Pour qu'un jeu marche, il faut, surtout à ce stade du cycle de vie des consoles, que le projet soit connu : appelez-les suites, franchises, jeux de sport à nom célèbre, tous font vendre. On est les premiers à s'en plaindre, mais on devrait aussi être les premiers à blâmer : si on nous parle de Zelda, on est proche de la syncope, si on nous parle d'Alien Hominid, on se dit 'Alien quoi ?'.

Tous coupables !

C'est vrai qu'on est mal éduqué, et qu'on attend plus les suites que les projets originaux à la Beyond Good & Evil. L'être humain est comme ca, mais à agir ainsi, c'est tout le secteur du jeu vidéo qu'on fausse, d'une facon ou d'une autre, comme on va essayer de l'expliquer ici. En effet, on peut dire que c'est l'écosystème du jeu vidéo qui ne tourne plus bien rond : alors que la musique voit encouragés les nouveaux talents et que le cinéma voit confiés des films à de petites structures, les géants du jeu vidéo semblent refermés sur eux-mêmes.


Jade de Beyond Good & Evil. Quel jeu !


On pourra toujours dire que ce n'est pas vrai, on illustrera d'ailleurs ce contre-argument très bien plus loin avec l'existence d'incubateurs de projets chez les uns ou les allocations de projets à des studios tiers, mais le fait est que lorsqu'on regarde le top 10, on trouve plus souvent des jeux Electronic Arts que des jeux d'éditeurs inconnus.

Les gens ont peu d'intérêt pour les idées nouvelles : avec le stade plutôt avancé des consoles de la génération actuelle, la plupart des joueurs sont des casual gamers, ces joueurs qui n'ont pas souvent la passion nécessaire ni le temps pour accorder aux projets uniques, inédits et donc risqués leur temps, et surtout, leur argent. Ainsi, on ne doit pas se révéler surpris d'apprendre que 90% des jeux vendus sont des suites ou des franchises populaires comme FIFA ou Madden, car les gens espèrent surtout des jeux qui leur semblent familiers, et fuient inconsciemment les concepts originaux.


Un Harry Potter par ici, un Harry Potter par là !


C'est un jeu dangereux, une sorte de 'je t'aime, moi non plus', qui pourrait à terme heurter le secteur du jeu dans son ensemble. Le fait de ne vouloir que certains jeux a conduit les éditeurs à ne proposer que ces jeux, sans essayer de proposer quelque chose de différent. En même temps, ce genre d'attitude pourrait donner une fausse image du jeu vidéo au public, ce qui pourrait aussi bloquer le développement du marché.

Pourtant ,c'est bien là ce que tout le monde veut : qu'il y ait plus de joueurs pour vendre encore plus de jeux. On doit bien comprendre que les coûts de développement ont tout simplement exploser ces dernières années : il n'est pas rare de voir un budget dépasser les 15 millions de dollars. On imagine alors bien qu'on voudrait éviter de miser 15 millions de dollars sur du vent, et qu'on préférera investir cet argent dans un jeu qui fait vendre : un jeu Harry Potter, un jeu Seigneur de l'Anneau, un jeu Spider-Man... Ces jeux se sont vendus par millions ces dernières années, au détriment des productions originales.

Ah, maudit soit le casual gamer ;)

Le moment de l'année est mal choisi pour parler d'innovation dans le secteur du jeu vidéo, car Noel est sans doute la période au cours de laquelle il faut proposer ce que les gens connaissent et comprennent, et réserver les concepts originaux au reste de l'année. Plusieurs analystes pensent néanmoins qu'il est bel et bien trop tard pour amener les joueurs à se laisser tenter par les jeux inédits, ceux qui apportent une expérience nouvelle. C'est vrai qu'un jeu comme Donkey Konga ou Mario Party 6 vient prouver le contraire, mais ce ne sont pas les jeux qui vont attirer les foules dans les magasins : on veut du Harry, du Spider-Man, du Seigneur des Anneaux. On consomme les jeux comme des hamburgers, et on espère juste avoir le temps d'y goûter avant que le produit ne soit périmé et qu'un nouveau modèle au goût tellement meilleur soit disponible.

Cette logique de consommation n'est pas forcément un mal, l'essentiel est encore que les éditeurs continuent de vendre des jeux que vous continuerez à acheter ! Bref, les joueurs ont ce qu'ils veulent, et cela pourrait être suffisant ! Mais cela pourrait aussi être tellement différent, avec des jeux uniques qui nous donnent envie d'aimer les jeux vidéo pour le plaisir qu'ils nous apportent et pas pour le simple fait qu'ils nous permettent de prolonger tel ou tel film, de retrouver tel ou tel personnage.

Tous les jeux à suite sont loin d'être mauvais, il ne faut pas faire dire ce qu'on ne dit pas, mais dans la mesure où on voit que peu de projets sont des projets novateurs, on a le droit de s'inquiéter, et de s'interroger : le jeu vidéo pourra-t-il encore longtemps courir après l'industrie du cinéma ? On nous dit souvent que le business du jeu est supérieur à celui du ciné, mais d'un point de vue culturel, le cinéma est de loin supérieur au jeu en termes de reconnaissance de la part du public.

Vive les têtes d'affiches.

C'est un risque que certains sont prêts à courir : un studio indépendant a eu le culot d'aller voir un gros producteur de films pour lui soumettre son projet. Avec une histoire solide, un scénario intéressant pouvant être porté sur grand écran, les ingrédients sont réunis pour que la mayonnaise prenne et le producteur morde. Encore faut-il ensuite convaincre un éditeur, qui sera plus enclin à voir combien le producteur est prêt à dépenser pour promouvoir le jeu au lieu de chercher à soutenir lui aussi un concept original.


Alien Hominid sera novateur et original. L'achèterez-vous sur ces deux qualités


Un manque de confiance ? C'est possible. Les éditeurs n'aiment pas dépenser sans compter (tout est relatif), et surtout font preuve d'une belle indifférence aux idées nouvelles. D'aucuns y voient des raisons structurelles : beaucoup de dirigeants des sociétés de jeux vidéo viennent du milieu de la grande distribution, où le but du jeu est simplement de faire un maximum d'argent avec un minimum de risques. On est de loin du dynamisme des débuts du secteur, sans doute un inconvénient lié à cette mâturité, cet âge de raison !

Il y a pourtant des solutions, des moyens, des efforts faits pour éviter que ce drame ne devienne une véritable catastrophe, avec des ventes de consoles boostées par les seules énièmes aventures de Metroid, Halo ou PES. Encore faut-il que les plus puissants se mettent à la portée des plus petits et daignent enfin les écouter : faire connaître son idée est une vraie galère, et ce notamment parce qu'il n'existe pas d'organisation ni de standard comme il en existe par exemple dans le milieu du cinéma. Les éditeurs ont du mal à accorder le moindre crédit aux studios qui ne peuvent pas prendre en charge leur propre projet.

L'argent investi dans les licences à de quoi choquer : certaines sont si juteuses qu'au final, elles sont bien sûr hors de prix ! Si Activision a vendu plus de 5 millions de Spider-Man, on se doute bien que le prix de la licence pour adapter le personnage en jeu vidéo a lui aussi atteint des sommets. Est-ce que ce n'est jamais venu à l'esprit de quiconque de... s'offrir le réalisateur du film pour mettre au point un jeu vidéo inédit ? De quelle merveille en jeu vidéo serait capable le réalisateur du Seigneur de l'Anneau ? C'est peut-être une piste à explorer pour apporter au secteur un peu de sang neuf, de nouvelles idées.

Que font les géants ?

Mais tout n'est pas sans espoir, comme le prouvent les incubateurs de projets mis en place par les grands de ce monde. On a plusieurs exemples pour le prouver, des exemples qui montrent qu'en effet, certains ont mis en place des structures pour aider les nouveaux venus à donner vie, tout simplement, à leur projet. Ainsi, Ubisoft espère aider 6 à 12 projets dans le monde, en proposant aux studios indépendants de profiter de ses équipements. Electronic Arts n'est pas en reste et prend plusieurs studios indépendants s/s contrat chaque annee (4 en 2003, dont 2 start-up), ce qui répresente d'après EA un investissement colossal de 50 millions de dollars par signature, si l'on en croit les sources ! De son côté, Microsoft est loin d'être en reste et propose un programme dans lequel 10.000 dollars d'outils de développements sont donnés aux indépendants (le compteur indique actuellement 10 projets, dont 3 sont en vente, pas mal !).

Que fait Nintendo ? Avec le Q Fund de Yamauchi, Nintendo devrait être un des acteurs les plus actifs, mais cela ne semble pas être le cas. Ou alors Nintendo joue la carte de la discrétion, et ne parlera des projets qu'il finance que si les projets viennent à terme. Plusieurs jeux ont de toute facon déjà vu le jour avec l'argent de Nintendo, mais on ne peut pas vraiment parler d'aide aux nouveaux studios indépendants, dumoins pas toujours : Nintendo utilise aussi son fonds pour financer des jeux qui, sans eux, ne sortiraient pas sur GameCube (Final Fantasy Cristal Chronicles est un bon exemple).

Il faut dire que travailler pour Big N est loin d'être une partie de plaisir, et les contraintes sont tout simplement énormes. C'est pourtant de ce genre d'association que naissent des jeux que Super Mario Ball, un jeu de flipper mis au point par un studio britannique qui a eu le culot de soumetrte l'idée à Nintendo et de la voir... acceptée !

Nintendo semble plutôt miser sur deux atouts pour se renouveler : confier de nouveaux produits à ses propres équipes, et renouveler les franchises existantes en les proposant aux studios à forte renommée. C'est ainsi Namco qui s'est retrouvé en charge du développement de Donkey Konga et de Starfox, tandis que Sega a signé F-Zero GX. Des jeux à fort potentiel ont quitté le giron de Nintendo, permettant ainsi à Retro Studios de devenir une vraie star du secteur avec deux Metroid Prime époustouflants. C'est une stratégie qui ne va sans doute pas aider les nouveaux talents à se faire connaître, à travailler, mais qui a au moins le mérite de permettre aux joueurs de toujours trouver des jeux qui, sans l'air de rien, se renouvellent de version en version.
Des centaines de nouveaux jeux arrivent sur le marché chaque année. Tous ne se valent pas, et parmi eux seulement quelques uns se révéleront des hits absolus. La plupart de ces hits absolus sont des suites, ou des jeux basés sur des franchises connues estampillées des signatures de star. La faute d'un public qui, faute de ne pas prendre de risque en faisant confiance aux jeux novateurs ou inconnus, incitent les éditeurs à ne pas prendre de risque non plus. On devrait y réfléchir, car c'est encore plus flagrant sur une console Nintendo : il n'y a bien que les jeux maison pour cartonner vraiment! Mais que peut-on y faire ? On sait simplement où se trouve la qualité, pourquoi chercher ailleurs ?
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