Le Nintendo Phone : pas pour demain !

La Magie Nintendo : eh ?

Vous souvenez-vous de ce dossier que nous avions rédigé voilà déjà 10 ans dans lequel on partait à la découverte de la face cachée de Nintendo : ce Nintendo qu'on retrouvait en avion, dans les chambres d'hôtel. Ce Nintendo audacieux qui voulait permettre aux joueurs de retrouver leurs jeux depuis n'importe où, qu'il s'agisse d'une chambre d'hôtel comme d'un siège en classe économique. Aujourd'hui, l'audace est annoncée de façon laconique dans un communiqué de presse en noir et blanc : la prochaine console portable inclura la 3D. Elle est passée où, la magie, dans tout ça ? Dans la centaine d'hôtesses souriantes présentant la console, deux mois plus tard, aux journalistes ? Si Nintendo faisait dans l'événementiel, cela se saurait !
Nintendo évolue actuellement dans le secteur du divertissement - un progrès depuis le début des années 2000 quand Nintendo n'était rien d'autre qu'un simple fabricant de jouets - un statut qu'elle revendiquait alors, pour le plus grand plaisir de ses concurrents ! Mais si Nintendo se place aujourd'hui sur les rangs des entertainers, c'est pour mieux taper sur les téléphones portables. Citons Reggie à nouveau : "on ne veut pas être dans le business des téléphones. On ne considère pas ça comme une opportunité. Les téléphones sont des utilitaires. Les portables ne sont pas, par définition, des appareils de divertissement".

Cracher sur les vendeurs de téléphones portables, c'est mal ! Pendant combien de temps encore Nintendo pourra-t-il s'offrir le luxe d'ignorer un marché qui, aujourd'hui, pèse lourd ? Très lourd même, ne serait-ce qu'en combinés puisqu'on estime qu'il s'est vendu en 2010 près de 1,39 milliards de téléphones portables dans l'année. Sony se pose moins de questions, et propose sous licence son catalogue de jeux Playstation : le Xperia Play de Sony Ericsson reposera d'abord sur les jeux Sony pour convaincre les studios de développement de proposer des titres pour sa nouvelle plate-forme. Sony semble convaincu qu'il est possible d'être présent sur mobile comme sur console, sans apparemment craindre la moindre cannibalisation.

Un air de déjà-vu

Mais alors que Sony fait entrer sa marque Playstation dans l'ère de la téléphonie mobile, il convient de se poser une question sur le bien-fondé d'une telle opération : en proposant des jeux Playstation sur un téléphone, Sony n'est-il pas en train de convaincre ses joueurs qu'il est possible de se passer d'une console portable ? A vouloir jouer sur les deux tableaux, Sony pourrait bien brouiller les cartes et rendre confus tout le petit monde du jeu vidéo.

Il n'y a pas si longtemps, on a vu l'inverse : Nokia, avec la N-Gage, avait essayé sans réel succès de marcher sur les plate-bandes de la Game Boy de Nintendo, avec un appareil si près de la console de jeu que les ingénieurs de Nokia semblaient avoir oublié d'y placer le haut-parleur pour écouter ses correspondants, puisqu'il fallait tenir le téléphone dans une position plus qu'inconfortable pour les longues conversations. Lancée en 2003, Nokia jettera l'éponge trois ans plus tard, en novembre 3005, après en avoir vendu un peu plus de 2 millions d'exemplaires.

Plusieurs arguments avaient alors joué en défaveur de Nokia, à tel point qu'il se vendra aux Etats-Unis 100 fois plus de GBA que de N-Gage ! Manque de jeux, prix exorbitant de 299 dollars, il n'en fallut pas plus pour que les joueurs restent fidèles à Nintendo et à Sony avec leurs consoles portables respectives, en dépit d'un relooking appelé N-Gage QD présenté en avril 2004, lors de la sortie de la NIntendo DS. Aujourd'hui, la situation est différente : l'iPhone d'Apple se vend à 20 millions d'exemplaires en un trimestre, et c'est un gadget qui se vend à 500 € environ... Une occasion manquée pour Nokia comme pour Nintendo ? A l'heure où la 3DS a du mal à s'imposer sur le marché, la question mérite quand même d'être posée, que l'on ait ou non des actions Nintendo !