La guerre du web

Premier arrivé, premier visité !

Posséder un nom est une chose, l'exploiter correctement en est une autre. On a plein d'exemples comme cela, justifiant de la difficulté pour les responsables de sites de faire face aux contraintes dûes au succès de leur site web : prenons un site comme IGN, Internet Gaming Network. Il s'agit du réseau le plus visité au monde, avec des millions de pages vues tous les mois. Pour attirer une telle audience, Snowball n'a pas négligé sur les investissements, et la sanction n'a pas tardé à tomber, une fois l'euphorie du Net passée : se doter d'un contenu à un prix, et Snowball le paie aujourd'hui en concentrant ses activités sur les domaines qui rapportent comme le jeu vidéo ou le cinéma.

D'autres auront eu moins de chance : daily-radar, soudainement, disparaît du web, quasiment dans l'indifférence générale. Le site proposait pourtant une multitude de nouvelles, au quotidien, souvent inédites, ce qui n'est pas un petit exploit ! La structure mise en place pour accompagner le succès du site n'aura pas permis de faire face à l'explosion des dépenses alors que les recettes se sont mises à fondre comme neige au soleil : la disparition des investissements publicitaires des annonceurs a conduit à la disparition des entités les plus fragiles, et finalement seuls les plus solides résistent... et les plus modestes !

En apparaissant sur le web dès 1997, certains se sont donc taillés une part royale du gâteau, en recevant la visite de dizaines de milliers de visiteurs chaque jour. Ces sites ont profité de l'effet "popularité", les sites les plus anciens étant généralement les mieux connus. En même temps, apparaissaient les pages perso, au fur-et à mesure que le Net, lui aussi, se popularisait : si l'on dressait une courbe de la croissance en termes de visites des sites pro et une courbe de la croissance du nombre d'internautes sur la planète, on s'apercevrait que les deux suivent une voie parallèle, ou presque. Capter cette audience le plus tôt possible, c'est tout simplement devenir un géant mondial de l'information, véritable référence sur l'activité du milieu.

Assurer une croissance saine du site

Mais créer une aura autour d'un site est une chose, la maintenir en est une autre. C'est sans doute le nouveau défi qui se profile pour ces sites gigantesques qui ont perdu toute dimension "humaine", et qui doivent ainsi faire face à des dépenses de fonctionnement toujours plus grandes, alors que les recettes diminuent : IGN a lancé au printemps un magazine électronique payant, rempli d'infos exclusives, qui leur permettra de compenser, si le succès est au rendez-vous, le manque à gagner dû à la raréfaction des annonceurs.

Ces sites ont déjà fortement réduit leurs objectifs, ce qui est un risque pris quant au futur : si les mises à jour se font plus rares, les visiteurs se feront, eux aussi, plus rares, et à terme le site perdra cette image de prestique auprès des internautes, qui iront voir ailleurs.

Cet ailleurs, les sites de notre seconde catégorie espèrent bien l'être : des sites portail se sont créés, et ont les moyens de rivaliser avec des structures établies, dont le seul réel avantage est, on y revient, le nom de domaine qui tue. Appelez-vous jeuxvideo.com et vous vous assurez 200.000 visiteurs par jour. Rien que ça. Pour trouver Puissance Nintendo, il faudra être un peu plus rusé, ou qu'on ait de la chance lorsque vous tapotez Nintendo dans les moteurs de recherche !

Les noms de domaine intuitifs étaient l'arme idéale de la fin des années 1990. Désormais, les sites devront proposer du contenu, de qualité. La frontière entre géants et plus petits ne se fera plus tant sur le fonds que sur la forme : les outils actuels permettent de créer des sites magnifiques, au bout de quelques heures de travail pour les manipulateurs d'images les plus doués.

L'information circule tellement vite, tellement loin, qu'il est difficile de savoir d'où elle provient exactement, d'où l'importance de la citation des sources, comme vous pouvez les lire sur le bas des infos publiées sur PN, qui vous permettent de savoir d'où on tient nos informations.

Y a-t-il une recette miracle ?

Mais ce n'est pas tout, car l'information n'est qu'un élément parmi d'autres. Ce que vous recherchez, c'est du contenu, et PN essaie de vous en proposer un de qualité, avec des articles mis en ligne presque tous les jours. Plus le site est riche, et plus il a de chances de marquer les esprits, donc plus il a de chances de rejoindre les favoris, voire de devenir une page de démarrage, ou encore d'être sauvegardé entièrement sur le disque dur du visiteur. Tous les moyens sont bons pour retenir l'attention : newsletters, infos fracassantes, partenariats avec d'autres sites pour se faire connaître les uns des autres.

Alors qui, des sites géants au sites humains, seront ceux qui, dans deux ou trois ans, seront encore là ? Combien de temps tiendront tous ces gens qui travaillent des heures, chaque jour, pour permettre à leur site de disposer des dernières infos, pour préparer les prochains articles, etc... Combien de temps les sites géants pourront-ils tenir le rythme terrible des 3 dernières années avec 40% d'effectifs en moins, et 30% de travail en plus ?

C'est le grand défi du web mondial. La première bataille a fait des victimes, comme Daily Radar, des blessés, comme IGN, et a donné naissance à une nouvelle génération de sites qui essaient, chaque jour, de vous offrir le meilleur d'eux-mêmes !

On n'est pas au bout de nos surprises : avec la mise en réseau des consoles de jeux, de la PS2 à la Xbox et à plus long terme la NGC, on peut imaginer une espèce d'orientation semi-automatique des visiteurs vers de grands portails aseptisés, derrière lesquels se cacheront les fabricants eux-mêmes. En allumant votre PS2, vous pourrez lire les derniers tests de jeux, les dernières nouvelles, et n'aurez plus le temps d'aller sur le web pour lire ce que les autres sites ont à dire, et vous perdrez ce que le Net a de plus précieux : cette liberté qui permet de dire tout haut qu'un jeu est mauvais ou de s'exclamer des paragraphes durant sur la qualité d'un jeu.

C'est un danger, non seulement pour les sites comme PN qui du jour au lendemain pourraient perdre une part de leur audience, mais aussi pour les internautes qui ne disposent que d'une partie de l'information, une info qui tombe dès que le constructeur/éditeur en a envie, et pas autrement.