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E3 2004 - Les Enjeux de ce Salon

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Nintendo possède actuellement un avantage sérieux et stratégique : un monopole sur le marché ultra profitable du portable. Et sans ce monopole, il est évident que Nintendo serait dans le rouge. Or la PSP pointe le bout de son nez, et ce n'est que la partie visible de l'iceberg. La DS apparaît clairement comme le rempart érigée par Nintendo contre la déferlante Playstation Portable. Car si Nintendo a tour à tour mis KO des géants comme Atari, Sega, voire même Nokia (qui croît encore au succès de la N-Gage ?), beaucoup s'interrogent sur sa capacité à résister à Sony.

Les deux compagnies refusent le rapprochement entre leurs deux consoles. Et pourtant, la DS de Nintendo et la PSP de Sony seront en concurrence frontale.


Un autre enjeu pour Nintendo à cet E3 sera donc de dévoiler une DS avec un potentiel de ventes suffisant pour faire face à la PSP. Cette dernière s'annonce comme l'événement de l'E3, et il faudrait que Nintendo arrive à attirer aussi l'attention sur son nouveau bijou. Sans quoi il y a fort à parier que ce serait le début d'une vague d'intérêt se dirigeant plus vers la PSP que vers la DS, et la chronique d'un succès difficile pour la console aux deux écrans.

ENJEU N°3 : le soutien des éditeurs-tiers.

Ce n'est un secret pour personne : le Gamecube est la console qui reçoit le moins de jeux en provenance d'éditeurs tiers. Le fait est que ces derniers reprochent au Gamecube que leurs jeux se vendent moins que sur Xbox. La raison est simple. Le public de Nintendo se divise en deux parties. D'abord les jeunes joueurs, entre 8 et 13 ans, qui adorent entre autres Pokémon et qui adorent les personnages Nintendo. Ensuite, une très large communauté de fans présents depuis le début, aujourd'hui agés entre 17 et 25 ans, qui ne trouvent que dans les jeux Nintendo le fun et la jouabilité à laquelle ils portent une grande importance. Du coup, ce public a tendance à placer son argent dans des jeux Nintendo, au grand regret des éditeurs qui voient leurs jeux se vendre moins qu'ils le devraient. Capcom par exemple a été affecté des résultats décevants des Resident Evil 1 et 0, et a donc contourné l'exclusivité en proposant un opus parralèle (RE Outbreak) sur PS2. Et que dire de Silicon Knights, dont les jeux excellents ont réalisé des semi-échecs : il y a fort à parier que le développeur travaille désormais plus pour la concurrence que pour Gamecube. On finit avec EA, qui propose moins de jeux sur GC que sur Xbox ou PS2. Or on connaît l'importance du soutien du numéro 1 du secteur (la Dreamcast en a payé les frais). La liste des compagnies se détournant du Gamecube est longue : Midway, Konami (y ont-ils jamais porté une quelconque attention ?), LucasArts, Codemasters, Factor 5…

Capcom a fait le pari des exclus pour Gamecube dès le début. Mais depuis la compagnie a déchanté, et des jeux annoncé comme exclusifs sont aussi annoncés sur PS2 (ici, Killer 7)


Alors bien sûr, Nintendo peut aussi prendre le taureau par les cornes, en achetant lui-même des développeurs, ou en concluant des accords bi-latéraux avec des développeurs (comme ils l'ont fait avec Kuju). La possibilité d'un rachat n'est pas à exclure. On se souvient d'un numéro du Tokyo Keizai, un hebdomadaire japonais sérieux, qui affirmait il y a quelques semaines que Nintendo allait lever des fonds dormants depuis des années (le fameux trésor de guerre de Nintendo) pour s'offrir des sociétés. Voilà qui pourrait être une réponse à Microsoft, à propos duquel les rumeurs affirment que le géant a de nouveau des cibles pour d'éventuels rachats (Bioware entre autres).

Et pour en revenir à la DS, le soutien des éditeurs tiers pour cette toute nouvelle console sera également déterminant. Or pour le moment, ces mêmes éditeurs semblent bien plus attirés par la PSP. Espérons que les EA, Ubi Soft, Konami, Square et co aient plusieurs projets, dès la sortie de la console et à long terme, pour la DS. Certes ils n'hésitent pas à sortir un max de jeux sur la GBA, mais avec la DS, le succès n'est pas encore assuré, et être présent dès la sortie est quoiqu'il arrive risqué. Dans tous les cas, le troisième enjeu de Nintendo pour cet E3 sera de montrer qu'il existent derrière eux beaucoup de sociétés désireuses de vendre un max de jeux sur Gamecube ou sur ses autres consoles !

ENJEU N°4 (?) : Une GCNext prometteuse

Alors bien sûr il serait étonnant que la GCNext soit présentée à l'E3. Ceci étant dit, il y a tout juste un mois, un haut-gradé de Nintendo of America avait déclaré lors d'une interview sur la chaine américaine CNN : " Les premières informations sur notre prochaine console seront dévoilées par les haut-placés de Nintendo lors du prochain E3 ". Et il ne s'agissait à priori pas de la DS, car la journaliste avait clairement interrogé l'homme sur la successeur du Gamecube. En tout cas, Microsoft pourrait bien dévoiler les premières informations relatives à la Xbox 2. On connaît les ambitions du géant : arriver en premier dans la guerre des consoles, pour doubler clairement la PS2. Une Xbox 2 pourrait voir le jour mi-2005.

Le fait est que Nintendo refuse de voir un concurrent prendre de l'avance, et comme les représentants de Nintendo l'ont affirmé maintes fois, cette fois-ci, la société n'arrivera pas bon dernier dans la guerre des consoles. Donc si vraiment Big N veut ne pas être pris de vitesse par Microsoft, ils devront annoncer leur GCnext rapidement, et l'E3 semble l'événement idéal pour ce genre d'annonces majeures. Certes, la société peut aussi faire son propre salon pour annoncer la nouvelle, d'ici quelques mois (avec un Space World en Août au Japon). Mais dans l'hypothèse où la GCNext est présentée à l'E3, Nintendo n'a pas le droit à l'erreur. Les jeux annoncés devront provoquer une attente importante pour la GCnext. Le seul développeur dont on sait qu'il travaille à priori sur cette nouvelle machine est Factor 5. Factor 5 pourraient plancher sur des jeux disponibles dès la sortie de la console comme Thornado, ou Pilotwings.

Il serait suicidaire de proposer une console n'apportant qu'une avance technologique faible par rapport au Gamecube. Et c'est pourtant ce vers quoi la société semble vouloir se diriger. Les déclarations d'Iwata sont multiples sur la volonté de Nintendo de sortir de la course aux performances, de proposer une console qui offre une expérience inédite au joueur, différente de celle qui consiste à proposer des graphismes toujours plus beaux, et des jeux toujours plus compliqués. Autant dire qu'à chacune des ces déclarations de Nintendo Japon, Nintendo of America, NOA se dépêche de rassurer les médias (et les joueurs) en rappelant que Nintendo proposera une avancée technologique conséquente avec sa GCNext. Reste que les dernières déclarations d'Iwata dans une des dernières publications du magazine japonais Famitsu rappellent une fois de plus les doutes de Nintendo quant aux performances graphiques : "nous avons atteint une sorte de limite, proche du réalisme, et il sera difficile de faire mieux".


Nintendo souhaite revenir à ses origines en développant des jeux au design et au principe plus simples, basiques. Espérons que la GCNext ne pâtisse pas de ces nouvelles ambitions douteuses!


Si une console portable peut proposer des graphismes basiques, le consommateur recherche dans une console de salon le must en matière de graphismes. Espérons que les propos de Iwata ne se vérifient pas, et que la nouvelle console de Nintendo tienne la route, comme le Gamecube l'a fait, face à la Xbox 2 et la PS3 ! C'est le dernier enjeu pour Nintendo, entre autres pour cet E3 si la nouvelle console y est présentée : être en mesure de fournir une console capable du meilleur en matière de graphismes, afin de donner aux jeux de Miyamoto un visuel digne du fun qu'ils procureront, et d'attirer les jeux des éditeurs-tiers qui ne développeront que sur une console à la pointe du progrès.

En conclusion, Nintendo doit rayonner de mille feux à cet E3. Sony a une position bien établie pour encore au moins une année avec sa PS2, et la PSP devrait faire parler d’elle. Microsoft dispose de moyens conséquents, et devrait encore renforcer son service LIVE avec l’annonce du soutien de Electronic Arts. Reste Nintendo, dont la position est fragile, qui devra prouver que la société centenaire n’a de leçons à recevoir de personne, et que sa place sur le marché du hardware est encore on ne peut plus justifiée. Un soutien accrû du Gamecube, une annonce tonitruante de la DS, et éventuellement de la GCNext, le tout couronné d’un début de reprise du soutien des éditeurs tiers, devront assurer le renouveau de la confiance des joueurs, des éditeurs, et des marchés. Rendez vous dans les prochaines heures pour la conférence pré-E3 Nintendo, qui lèvera le voile sur le futur de BigN.

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