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Ubisoft : haro sur Vivendi !

L’AG du 29 septembre s’annonce particulièrement houleuse entre la famille Guillemot et les représentants de Vincent Bolloré. Des mécanismes de sauvegarde de la société se mettent en place pour éviter de tomber dans l’escarcelle de Vivendi.

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Acte 1 : Ubisoft rachète l’intégralité de la participation de Bpifrance

Bpifrance (Banque Publique d’Investissement) possédait 3,2% du capital de l’entreprise d’Ubisoft et un accord a été signé le 23 septembre au soir permettant à Ubisoft de racheter l’intégralité de la participation de Bpifrance pour 122,5 millions d’euros, un moyen de se préserver des tentatives qualifiées « d’OPA rampante » de Vivendi avant l’AG cruciale du 29 septembre.
Ce vendredi, la Banque Publique d'Investissement et Ubisoft ont signé "un contrat relatif à l'acquisition des 3.625.178 titres" de l'éditeur de logiciels, par ce dernier, "au prix de 33,80 euros par action", indique un communiqué. "Cette opération, qui intervient dans le cadre de la mise en oeuvre du programme de rachat d'actions d'Ubisoft, sera réalisée d'ici le début du mois de novembre", précise le groupe. "Nous tenons à remercier chaleureusement Bpifrance", présent au capital depuis juillet 2004, "pour son soutien pendant toutes ces années", a déclaré Yves Guillemot, PDG fondateur d'Ubisoft.

A quoi servira cette action ?

Selon le journal Challenges qui suit avec attention le dossier, les actions acquises "seront affectées à la couverture des plans d'actionnariat salarié, à celle des obligations convertibles ou échangeables en actions (Oceanes) ayant fait l'objet d'un placement privé le 21 septembre 2016 et/ou à des éventuelles opérations de croissance externe".

Pour la famille Guillemot, c’est la recherche coûte que coûte de la sécurisation du capital et des pourcentages de droits de vote au sein de la société pour tenter d’empêcher une nouvelle fois le groupe Vivendi de prendre le contrôle d’Ubisoft comme il avait pu le faire avec Gameloft.

Les forces en présence sont les suivantes :
- La famille Guillemot : elle détient 13,22% du capital et 19,18% des droits de vote au 21/09/2016. Elle semble avoir le soutien de la banque d'affaires Lazard.
- La société Guillemot Brothers SE, contrôlée à 100% par la famille : 10,30% du capital et 14,12% des droits de vote.
- Le fonds Fidelity : 10% du capital et 9% des droits de vote.
- Le groupe Vivendi : 22,8% du capital et 20,2% des droits de vote.

Acte 2 – Une campagne interne pour sauvegarder la liberté créative

Ubisoft va très bien commercialement parlant en ce moment avec une hausse de son chiffre d’affaire de 44% au premier trimestre fiscal. Selon le NPD Group qui étudie le marché en Amérique du Nord et les données GFK en Europe et NPD en Australie, Ubisoft serait l’éditeur numéro 1 depuis le début de l’année 2016. Les raisons de ce succès ? Tom Clancy’s The Division dont les ventes brillent depuis 8 mois de l’année (330 millions de dollars de recette en cinq jours de commercialisation), Tom Clancy’s Rainbow Six Siege, classé parmi les 10 jeux les plus vendus en Août. On rajoute Far Cry Primal dans le top 10 en début d’année et cela permet à Ubisoft de décrocher 14,9% des parts de marché en Europe et en Australie, 16% aux Etats-Unis et 13% au Canada. Pas mal pour une entreprise française dont les efforts se concrétisent, grandement épaulée par ses très bonnes structures au Canada.
La compagnie peut compter sur quelques titres chocs pour la fin d’année car outre l’indémodable Just Dance 2017 et Watch Dogs 2 (15 novembre), il y aura ensuite For Honor, Tom Clancy’s Ghost Recon Wildlands et South Park: L’Annale du Destin début 2017. Sans compter les éventuelles rumeurs récentes autour de l’arlésienne Beyond Good and Evil 2 et des titres secrets autour de la NX. On veut donc montrer qu’actuellement le groupe est profitable et qu’il n’y a aucune raison de vouloir changer la manière de manager l’entreprise. Des annonces très bien reçues par le marché boursier puisque le cours de l'action a doublé en un an et sa valorisation dépasse les 4 milliards d'euros.
Ces bons résultats sont mis en avant en interne pour indiquer que si de bons jeux sont faits, c’est qu’on laisse le temps de les peaufiner, ce qui risque de ne plus être le cas si Vivendi prend le contrôle, les responsables actuels d’Ubisoft alertant d’une possible mise en place d’un cadence infernale de sortie qui iraient à l’opposé de la recherche de qualité et de réflexion créatrice. Interviewé par Challenge, le message interne est très clair, comme l'indique Olivier Dauba, directeur éditorial, qui revendique une certaine "Ubisoft touch" dans le monde du jeu vidéo :
Nous avons une direction éditoriale forte qui nous rapproche de Nintendo. Nos concurrents sont beaucoup plus décentralisés. Nous avons une ambition de qualité qui nous amène à driver de façon différente. Nous allons vers une approche systémique dans nos jeux. Mes équipes servent de liant entre les différents studios qui travaillent sur un même jeu. Nous sommes très pointus dans les synergies pour éviter des dispersions de technologies et pour exploiter au mieux les expertises locales. Cette créativité est importante pour nous. Notre croissance est passée par cette création. Il y a eu un avant et un après Rayman sur PlayStation, un avant et un après Splinter Cell sur Xbox. C’est une formule qui marche. Nous avons des franchises qui génèrent de la valeur. Nous voulons que cette dynamique perdure. Cela passe par une prise de risque et par la technologie. Il faut savoir parier sur une nouvelle technologie.
Voici d’ailleurs une petite vidéo qui évoque clairement sans nuance les craintes concernant la prise de contrôle de Vivendi.



Dans ce contexte tendu, il est tout à fait possible que l’image envoyée via Instagram de Michel Ancel, que tout le monde traduit actuellement par une annonce prochaine autour de Beyong Good and Evil 2 soit en fait un coup de pouce du créatif, allant dans le sens de la famille Guillemot, remerciant de la confiance passée pour l’élaboration de ses titres et le temps laissé pour en créer de nouveaux.
Le message est d’ailleurs clair : « Somewhere in system 4. Thanks Ubisoft for making this possible! ». Cela veut tout aussi bien dire : merci à Ubisoft d’avoir permis la création de ce jeu et de sa possible suite (liberté créative) ou merci à Ubisoft de permettre actuellement un long processus de travail pour envisager cette suite, sans pression de calendrier.
Les partenariats que nous faisons ont pour objectif de développer l'entreprise dans les nouveaux métiers du futur, prévient Yves Guillemot. Nous avons un métier qui change tout le temps, il faut être agile : il y a des choix à faire, des risques à prendre, qu'un conglomérat comme Vivendi ne permettra pas de négocier à la bonne vitesse. Ils peuvent casser l'élan qui nous a permis de devenir le numéro trois mondial.
De manière amusante, Activision, qui a bien connu le douloureux mariage avec Vivendi avant une séparation en 2013, corrobore les propos d’Yves Guillemot par le biais d’un de ses cadres :
L'acquisition de King [NDLR l'éditeur de Candy Crush, racheté 5,9 milliards de dollars en 2015] n'aurait jamais pu se faire avec Vivendi, admet un cadre, bien content de cette marge de manœuvre retrouvée.
Vivendi est d’ailleurs actuellement bien empêtré dans sa gestion de Canal+, dont le fonctionnement a été profondément bouleversé. Le groupe affichait des pertes et Vivendi doit désormais prouver que les modifications mises en place ont permis de redresser les comptes de Canal tout en maintenant son nombre d’abonnés.

Acte 3 : Ubisoft achète Ketchapp

Débarqué de Gameloft qui développait pour le marché mobile, passé sous contrôle de Vivendi à 95%, Michel Guillemot a rejoint son frère pour sauvegarder Ubisoft et poursuivre un développement stratégique, en lorgnant à nouveau sur le marché mobile.
Nous pensons que Vivendi ne comprend pas le métier du jeu vidéo, et va s'y fourvoyer. Nous n'avons pas envie d'être passagers d'un bateau qui va échouer au fond de l'océan avait indiqué Yves Guillemot lors de la prise de contrôle de Gameloft.
En achetant Ketchapp le 27 septembre 2016, deux jours avant l’AG, Ubisoft et la famille Guillemot veulent montrer qu’ils continuent à croire dans le marché mobile et veulent en être des acteurs essentiels, à leur manière.

Qu’est-ce que Ketchapp ?


Ketchapp est une société française ayant connu un beau succès sur le marché mobile : son jeu de calcul 2048 et son jeu de construction Stack ont fait une percée sur le marché. Ses jeux ont été téléchargés près de 700 millions de fois avec une moyenne mensuelle d’environ 23 millions de téléchargements, selon des données AppAnnie. Si le montant de l’acquisition n’a pas été communiqué pour le moment, Ubisoft confirme ainsi une volonté stratégique sur le marché mobile, en devenant le quatrième éditeur de jeux mobiles en nombre de téléchargements. On reste loin des Supercell ou de King, mais c’est déjà bien. C’est pour le moins un bon atout pour Ubisoft qui est le numéro 1 français et pour le moment 3e au rang mondial avant la parution du classement 2016.
Cette acquisition apporte à Ubisoft l'un des leaders mondiaux de l'édition de jeux mobiles en nombre de téléchargements et lui permet de renforcer son expertise en publicité mobile, s'est réjoui Jean-Michel Detoc, directeur exécutif d'Ubisoft Mobile.
Comme vous pouvez le constater, du côté d’Ubisoft et de la famille Guillemot, on redouble d’énergie pour bloquer Vivendi qui va demander son siège au conseil d’administration de l’éditeur lors de l’AG de demain, cette demande étant recevable au regard des parts de capitale détenues et le pourcentage des voix liés. Une demande que semble refuser Yves Guillemot :
Avoir un administrateur qui dirait “il faut pousser mes sociétés” serait négatif pour nos actionnaires. Que ce soit sur le cinéma, la musique ou le jeu vidéo, il y aurait sans cesse des conflits d'intérêts.
Richard-Maxime Beaudoux, analyste à Bryan, Garnier & Co semble convaincu :
Bolloré ne peut plus reculer. Il a tout intérêt à se mettre la famille dans la poche en proposant une prime aux actionnaires et en laissant Yves Guillemot aux manettes du nouveau pôle jeux vidéo du groupe. C'est le meilleur des scénarios possibles. Le seul qui permettrait de ne pas vider l'éditeur de ses stars.
Pas de doute, l’ambiance va être particulièrement électrique demain.

Source : Challenges

Commentaires sur l'article

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Talban
Ah ça faisait longtemps qu'on n'avait pas eu le récap de la guerre Ubisoft / Vivendi sur votre site lol !
Pas certain de vouloir favoriser un camp plus qu'un autre, car Guillemot a fait pas mal de boulettes dans le passé qui passent encore mal et Vivendi me paraît un peu trop pressé pour réussir dans le domaine du jeu vidéo.

Sinon pour Beyond Good and Evil 2, j'espère que l'artwork d'hier est effectivement l'annonce du deuxième épisode sur console (NX?) car j'avoue que votre proposition d'explication avec ce possible lien de campagne interne We Love Ubi Soft m'a un peu fait chié. Je n'y avais pas pensé et je ne suis plus sûr qu'on se dirige bien vers un nouveau jeu bientôt. Vivement une comm dessus !

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